Infographie carte : I. Caudullo (24 heures)

Le Conseil communal a refusé lundi à une écrasante majorité de mettre deux parcelles forestières à disposition du projet.

Une claque, une très grosse claque. Lundi soir, par 33 voix contre 2 (une abstention), les conseillers communaux de Corcelles-le-Jorat ont sèchement envoyé promener le projet de Parc naturel périurbain du Jorat. Lors de cette séance très attendue, ils ont ainsi refusé de mettre à la disposition de la zone de transition deux parcelles forestières communales. Or les deux parcelles en question constituaient un couloir reliant les deux zones centrales prévues sur les communes de Lausanne et de Jorat-Menthue (voir l’infographie ci-dessous). Ces dernières doivent nécessairement être reliées entre elles pour que le projet de parc garde son sens.

Présidente de l’Association Jorat, une terre à vivre au quotidien, qui mène le projet, Anne Marion Freiss ne peut que prendre acte: «Je suis triste que Corcelles n’ait pas vu dans ce projet la possibilité de disposer des fonds solides pour protéger la nature et assurer l’avenir. Mais ce scénario avait été envisagé et les réflexions se poursuivent.» Les promoteurs du parc ont en effet jusqu’à la fin de l’année pour présenter à la Confédération un projet concret. Mais à ce rythme-là il risque fort de ne reposer au final que sur les forêts lausannoises.

«Grosse machine»

Dans la petite salle de Corcelles-le-Jorat, les opposants ont fait – si l’on ose dire – feu de tout bois. Leur Municipalité leur avait simplifié la tâche en proposant elle-même ce refus. Le municipal Francis Chenevard a ainsi décrit le parc comme «un fantasme de biologiste payé par l’argent du Canton et de la Confédération, mais qui est au final le nôtre». Son collègue, Christophe Balissat, y voit «une grosse machine destinée à régler des problèmes que l’on ne connaît pas encore».

«On veut bien prendre des mesures en faveur de la biodiversité, a précisé l’élu. Mais pourquoi s’encombrer d’un tel machin?» Un avis partagé par ses collègues, à l’exception du député-syndic Daniel Ruch, entrepreneur forestier de profession, qui n’a pas pris part aux débats.

Du côté des conseillers, le rapporteur de la commission chargée d’étudier le préavis, Jean-Paul Reichenbach, a dénoncé «un flou financier complet, une impression d’être forcés d’accepter le projet et l’absence de réponses aux inquiétudes sur la future gestion de la faune, en particulier des sangliers».

Lausanne pointée du doigt

Le conseiller Florian Ruch, qui est allé visiter l’exemple zurichois, a estimé, lui, que ce projet n’était pas un parc naturel péri­urbain mais «un parc urbain totalement contrôlé, avec une forêt de panneaux et un catalogue d’interdictions». Plusieurs interventions ont aussi pointé du doigt Lausanne, «cette capitale qui veut nous apprendre à gérer notre territoire», a illustré le conseiller Gilbert Ramuz. Seules quelques voix ont tenté de nuancer le propos, comme cette conseillère qui a demandé s’il serait possible de rester dans l’association après un refus, «car il y a certainement des choses intéressantes à faire ensemble pour ces bois du Jorat».

Prochaine échéance, le Conseil deMontpreveyres devra aussi se prononcer sur la présence d’une partie de la zone de transition sur son territoire. S’il prend la même décision que Corcelles-le-Jorat, restera donc à savoir si Lausanne continuera l’aventure seule.

Sylvain Müller

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