Le premier chantier concret lié au parc périurbain est en cours: les bûcherons recréent des étages de végétation dans une lisière au profit de la biodiversité.

La municipale lausannoise Natacha Litzistorf n’avait sans doute jamais été aussi heureuse de marcher dans le brouillard et le froid. Mardi dernier, elle s’est en effet rendue dans les bois du Jorat, à proximité du Chalet des enfants, pour découvrir le premier chantier concret lié au futur parc naturel périurbain du même nom: la revitalisation de 80mètres linéaires de lisière.

Un double ravissement pour celle qui est à la fois membre des Verts et présidente de la nouvelle association Jorat parc naturel, qui pilotera désormais le projet. «En plus, ce chantier prouve que le parc peut aussi donner du travail aux entreprises locales et bénéficier à la biodiversité. Ça fait du bien, car ces dernières années, les discussions se sont essentiellement cristallisées autour de la zone centrale et le fait que l’on n’y touchera plus rien!»

Thuyas à supprimer

Le chantier en cours est en effet situé dans la zone de transition entourant le parc, une surface qui doit jouer un rôle de tampon. Concrètement, les bûcherons d’une entreprise de la région ont reçu pour mission d’y recréer une lisière constituée d’étages successifs, en supprimant au passage quelques arbres exotiques – essentiellement des thuyas – n’ayant rien à faire là.

«Si on laisse faire la nature, la forêt pousse jusqu’au bord du champ et finit par former un front vertical, explique Étienne Balestra, le chef du Service des parcs et domaines de la Ville de Lausanne. Grâce à ces travaux, nous recréons plusieurs étages successifs depuis la bande herbeuse jusqu’aux grands arbres, en passant par les buissons. Et donc plusieurs types d’habitats, favorables à un plus grand nombre d’espèces.»

Biologiste employée par le parc, Melanie Annen explique que le chantier permettra aussi de favoriser le développement de certaines essences feuillues (hêtre, verne) ainsi que des essences buissonnantes (merisier, sorbier des oiseleurs ou viorne obier). «Car il faut se rappeler que la majeure partie des bois du Jorat est une hêtraie. De tels chantiers jouent donc aussi un rôle de préservation de cette association forestière, dont la distribution planétaire est exclusivement restreinte à l’Europe.»

Parmi de nombreux autres chantiers, le plan de gestion du parc prévoit de réaliser d’ici à 2030 le même type de travaux de revitalisation de lisière sur une longueur totale de 3kilomètres. Enfin, comme ce sera désormais le cas pour tout ce qui se passera dans le parc et ses abords, l’évolution de la zone sera désormais surveillée et documentée scientifiquement.

Sylvain Müller

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