Mauvernay servira de test: l’information auprès des promeneurs de chiens suffira-t-elle à les faire ramasser les déjections de ces derniers?

Des panneaux de prévention ont été installés à Mauvernay, au Chalet-à-Gobet, afin d’alerter les promeneurs de chien que les déjections de leur compagnon empoisonnent les bovidés se nourrissant avec l’herbe souillée. Le paysan exploitant la parcelle dédiée à l’affouragement dénonce de nombreux avortements.

Promener son chien en campagne n’est pas sans risque. C’est en substance le message de la ville de Lausanne, associée à la SVPA (Société vaudoise de protection des animaux) et l’association Jorat, une terre à vivre au quotidien (JUTAVAQ). Des panneaux de signalisation ont été posés à Mauvernay, au Chaletà-Gobet pour prévenir les propriétaires canins que les déjections de leurs compagnons empoisonnent les vaches. La surface au centre de la plaine de Mauvernay est dédiée à l’affouragement des bovins. L’agriculteur exploitant constate depuis quelques années des avortements réguliers au sein de son troupeau. Ces derniers sont causés par la néosporose, un parasite présent dans les déjections canines et qui représente un danger pour les bovidés, puisque les fausses couches sont douloureuses et peuvent être mortelles. «C’est pourquoi cet emplacement a été choisi pour la campagne de prévention, explique Maxime Rebord, responsable pour JUTAVAQ. Il s’agit d’un essai et s’il est concluant, pourquoi ne pas étendre le message ailleurs…»

Spot parfait pour la balade

Mauvernay est un endroit problématique puisque de nombreux propriétaires de compagnons à poils viennent les promener à cet endroit. «C’est pratique, il y a moyen de se parquer et il y a la forêt toute proche», explique Alain Zwygart, directeur de la SVPA. Du coup, la forte pression des quatre pattes associée à l’agriculture ne réussit pas aux bovidés. «Il est important de trouver le moyen de respecter le chien – qui a besoin de se défouler – le gibier et la nature; dans ce cas, les vaches. C’est pourquoi la SVPA s’est associée dans le cadre de cette prévention», ajoute-t-il. La problématique ne se limite pas à Mauvernay. Rien qu’à Lausanne, la ferme de Rovéréaz rencontre le même souci: les déjections canines souillent les cultures bio. Et l’ennui ne se limite certainement pas à la région lausannoise. «Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de légiférer, précise Alain Zwygart. Il faut passer par l’information.» Vu la proximité directe de l’endroit avec le projet de parc naturel périurbain du Jorat, soit à la limite de la zone de transition – dont les contours ne sont pas encore arrêtés – JUTAVAQ a été associée à cette campagne. Cette dernière espère que l’information passera bien auprès des promeneurs de chiens.

Cohabitation harmonieuse

«Le but est d’avoir une cohabitation la plus harmonieuse possible, souligne Roland Schmidt, responsable de l’agriculture et de la gestion du territoire pour la ville de Lausanne. Je salue les progrès depuis l’époque où il fallait se battre pour que les gens ramassent les crottes laissées sur le trottoir, mais désormais il faut comprendre que même dans l’herbe les incidences peuvent être énormes. Nous évaluerons en octobre et si cela ne fonctionne pas nous interviendrons de manière plus musclée.»

Valérie Blom

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